L’hirondelle ne fait peut être pas le printemps, mais elle constitue un bon indice que les températures clémentes seront bientôt de retour. On retrouve six espèces d’hirondelles au Québec et elles sont des sujets tout désignés pour le photographe qui veut diversifier sa banque d’images. Les Hirondelles sont de fabuleux chasseurs d’insectes qu’elles capturent en vol, ce qui explique leurs prouesses aériennes. Peu importe les aptitudes et l’expérience du photographe, les capter en plein vol demeure un défi important pour quiconque.
L’Hirondelle bicolore :
L’Hirondelle bicolore est assurément la plus connue et la plus accessible. Elle accepte les nichoirs (diamètre de l’ouverture de 3,75 cm) que vous pouvez disposer dans votre jardin. Il est important d’avoir un terrain de bonne dimension et idéalement situé en milieu ouvert.
Dans la région de Montréal, plusieurs parcs nature hébergent des nichoirs pour cette espèce, dont le marais de l’île Bizard. Dans la région de Québec, vous trouverez des nichoirs au Cap-Tourmente, ainsi qu’au Marais Léon Provencher à Neuville.

Lorsque je suis arrivé sur le terrain, j’ai remarqué une Hirondelle posée sur la clôture à proximité d’un nichoir. Je l’avais identifié comme une femelle, mais après le passage d’un mâle adulte, j’ai réalisé que c’était un immature nourri par le mâle. Je me suis positionné à distance respectable et j’ai attendu le passage suivant.
J’ai fait une courte rafale de 3 images lors de chacun des passages subséquents. Je préfère me fier sur mes habiletés à déclencher au bon moment plutôt que sur la quantité. L’important est de demeurer attentif et de faire régulièrement des tests d’exposition pour être certain d’obtenir la bonne exposition. Lorsque les passages sont espacés de 15 minutes, la lumière peut varier amplement sur une période d’une heure qui ne représente que 4 passages.
600mm f/4 + 1,4x ; 1/2000 sec, f/5,6, ISO 320, trépied.
Réussir ses photos :
Les photos les plus simples à réaliser se font lors de leur retour au nichoir. Vous devez absolument respecter une distance minimale et ne jamais toucher au nichoir au risque de voir ses occupantes le déserter. L’idéal est de vous positionner de profil par rapport au nichoir pour photographier un des adultes de côté. Si vous demeurez face au nichoir, vous photographierez un oiseau de dos, ce qui est beaucoup moins esthétique.
L’exposition :
Je vous suggère de faire un premier test d’ajustement d’exposition avant que les hirondelles se présentent. Pour être en mesure de photographier le départ d’un adulte, je sélectionne une vitesse rapide de l’ordre de 1/1600 de sec pour figer les ailes. Pour ne pas avoir une profondeur de champ trop importante, je choisis une ouverture de f/5,6 et ajuste la valeur ISO comme troisième paramètre. Si vous travaillez en mode semi-automatique, je vous recommande la priorité vitesse et une valeur ISO pour obtenir une ouverture de f/5,6.
Peu importe le mode d’exposition, vous allez devoir appliquer une correction d’exposition pour ne pas surexposer la poitrine. Lorsqu’elles sont agrippées au nichoir les ailes repliées, les hirondelles semblent plus sombres, mais aussitôt qu’elles ouvrent les ailes, la poitrine sera visible et il y a un risque de surexposition. Pour ma part, je préfère le mode d’exposition manuel et j’expose toujours pour les blancs.
La bonne période :
À la dernière semaine de présence des immatures au nid, les jeunes ont tendance à maintenir la tête hors du nichoir pour être nourris plus aisément par les adultes. À cette période, les opportunités photo peuvent être grandioses. N’oubliez pas vous positionner de profil !
Lors des quelques jours qui suivent la sortie des jeunes du nichoir, il est fréquent de les observer posés à proximité à attendre le passage des adultes pour recevoir leur pitance. Avant de réussir à capter ces scènes, vous devez faire une approche lente pour ne pas effrayer les jeunes, ce qui est nuisible et certainement pas à votre avantage.
Les adultes espaceront leurs passages en fonction de leurs capacités à capturer des proies en vol. Demeurez toujours attentif et soyez le plus discret possible. Vous ne devriez pas vous approcher au point de faire des gros plans des jeunes car vous risquez de les effrayer. De plus, lorsque l’adulte arrivera en vol (les ailes ouvertes), vous ne pourrez capter l’ensemble de la scène.
Les techniques :
Pour réussir, vous devez vous armer de patience et avoir de bons reflexes car les passages ne durent que quelques secondes. Généralement, les adultes ne se posent pas et donnent la becquée sans pratiquement ralentir.
J’utilise un gros téléobjectif ainsi qu’un trépied qui me permet d’attendre sans avoir à supporter le poids du matériel. J’effectue la mise au point sur la tête de l’immature en mode “one shot” et, lorsque l’adulte arrive, je refais la mise au point si l’immature se déplace. La rafale peut être utile, mais rappelez-vous qu’aussitôt que les oiseaux se déplacent, les images ne seront plus au point. L’idée n’est pas de faire un film, mais des photos. Si vous utilisez le mode autofocus continu, il y a trop de risque que la mise au point ne se fasse pas à l’endroit désiré, mais par exemple sur une des ailes, et que les sujets ne soient pas au foyer.
L’Hirondelle rustique :
Si vous êtes à la campagne, vous pourriez avoir l’opportunité de photographier l’Hirondelle rustique. Anciennement appelée Hirondelle des granges, celle-ci construit souvent son nid à l’intérieur d’une grange ou d’un hangar dont les accès demeurent ouverts pendant la saison chaude.
Le niveau de difficulté pour la photographier en vol est très élevé. Vous devez demeurer à proximité de la grange et attendre qu’elle passe en vol pour saisir des insectes. Choisissez la mise au point “autofocus continu” et sélectionnez le collimateur central qui est le plus rapide. Certains boîtiers offrent la possibilité de choisir les collimateurs périphériques au central, mais personnellement, j’obtiens de meilleurs résultats en ne sélectionnant que le central.
Vous devez absolument être en mesure de suivre les déplacements de l’hirondelle malgré ses déplacements erratiques. Pour réussir, cela demande de l’expérience et une bonne coordination. Pour cette espèce, je préfère photographier à main levée, ce qui donne plus de maniabilité.

Pour les oiseaux en vol, je vous suggère de faire certains ajustements dans les menus de votre boîtier. Pour ce faire, référez au mode d’emploi de votre appareil. Selon la gamme de boîtiers (non disponible sur les boîtiers d’entrée de gamme), il est possible de faire des ajustements de vitesse de réaction de l’autofocus.
Au sortir de l’usine, l’ajustement sera sur vitesse moyenne. Pour ma part, je préfère ajuster à la vitesse de réaction la plus rapide. Cela demande plus de dextérité, puisqu’aussitôt que le collimateur n’est plus sur le sujet, la mise au point se déplace. Mais inversement, aussitôt que le collimateur est sur le sujet, la mise au point se fait rapidement.
300mm f/2,8 + 1,4x ; 1/1600 sec, f/5,6, ISO 320, main levée.
L’Hirondelle noire :
L’Hirondelle noire est la plus majestueuse des hirondelles du Québec mais malheureusement, elle connaît un fort déclin depuis une vingtaine d’années. Elle niche en colonies dans des nichoirs de type condo installés en milieu ouvert. À ma connaissance, il n’y a plus de nichoir actif dans la région de Québec, le plus proche étant à Baie du Febvre. Il y a quelques nichoirs dans la région de Montréal.

Pour les oiseaux en vol, surtout ceux dont le vol est erratique telle l’Hirondelle noire, je sélectionne l’autofocus continu et je m’assure de bien positionner le bouton de limitateur de distance de mise au point. Dans ce cas, j’ai positionné le bouton sur 6 mètres à l’infini, ce qui permet de limiter le débattement de la mise au point, améliorant ainsi la vitesse de l’autofocus. Cette fonction n’est pas disponible sur tous les objectifs et généralement absente des optiques génériques.
Vous devriez idéalement vous pratiquer avec des oiseaux dont le vol est plus lent comme les Goélands à bec cerclé que l’ont peut facilement trouver en ville ou en bordure du Saint-Laurent.
300mm f/2,8 + 1,4x ; 1/1600 sec, f/5,6, ISO 320, main levée.
La façon idéale de la photographier est de vous positionner à proximité d’un nichoir et attendre le retour des adultes au nid. Ne vous positionnez pas trop près du nichoir et, aussitôt que vous semblez indisposer les oiseaux, reculez à une distance raisonnable.
J’utilise les mêmes techniques qu’avec l’Hirondelle rustique, soit l’autofocus continu et un court téléobjectif (300mm f/2,8 et multiplicateur 1,4x) à main levée.
Je vous souhaite de relever le défi de photographier les hirondelles du Québec: elles sont magnifiques et souvent délaissées par les photographes.
Bonne photo !
Très intéressant et ça donne vraiment le goût d’essayer la technique.
Ton enseignement technique est toujours passionnant et bien documenté.
Et bravo pour les superbes photos !
Bonjour Monique, je suis bien content que tu aies apprécié, nous pourrons pratiquer dans les prochaines semaines.