Le rêve ultime de plusieurs photographes animaliers est de vivre un safari photo en Afrique et, depuis quelques années, cette destination devient de plus en plus accessible. Il est toutefois important de bien définir ce qu’est un safari photo.
Le voyage d’observation :
Lors d’un voyage d’observation, vous pourrez observer une certaine diversité d’animaux, mais vous ne demeurez généralement que peu de temps sur les différents sites. De plus, le chauffeur guide vous approchera des animaux, mais pas toujours dans le meilleur angle de lumière pour les photographier. Le groupe est généralement nombreux et toutes les places dans le véhicule sont occupées. Les participants emploient souvent leur téléphone ou une tablette pour capter leurs souvenirs.
Le parc Kruger héberge près de 14 000 Éléphants. Ceux-ci s’y reproduisent et vivent en groupes dirigés par la femelle la plus âgée. Les Éléphants doivent boire plus de 150 litres d’eau par jour. Contrairement à la majorité des mammifères, la femelle possède deux glandes mammaires situées entre les pattes avant.
100-400mm f/4,5-5,6 @ 214mm; 1/1250 sec, f/5,6, ISO 400, main levée depuis le véhicule safari.
Le safari photo avec un photographe professionnel :
Une des différences majeures est que le photographe professionnel devrait diriger le chauffeur guide et s’assurer de positionner le véhicule en fonction de la lumière. Il devrait aussi connaître les comportements des différentes espèces que vous êtes sujets à rencontrer et pouvoir anticiper leurs réactions et vous conseiller afin de réaliser des photos plus spectaculaires. Il devrait vous aider à bien ajuster l’exposition, s’assurer de la qualité de vos compositions et être en mesure de répondre vos questions.
Les participants emploient généralement une ou des caméras reflex et quelques objectifs. Vous devriez avoir plus d’espace dans le camion pour vous y mouvoir et aussi avoir accès plus facilement à votre matériel photo. Vous devriez demeurer sur les sites d’observations suffisamment longtemps pour bien documenter les actions.
Lors du safari en octobre 2016, nous avons trouvé une troupe de 15 Lions qui avaient tué un Buffle. Ceux-ci étant légèrement à contre-jour, nous avons employé un flash pour déboucher légèrement les ombres. Les photos ayant été réalisées en début d’après-midi, l’emploi du flash nous a permis d’obtenir un rendu moins contrasté.
70-200mm f/2,8 II @ 182mm; 1/1250 sec, f/5,6, ISO 640, flash et Better Beamer, main levée depuis le véhicule safari.
Les vaccins à prévoir avant le départ :
Avant le départ, il est essentiel de visiter une clinique de santé voyage afin de vous informer de leurs recommandations à propos de votre destination. Certains vaccins de base demeurent essentiels pour voyager à l’étranger (tels que fièvre thyphoïde, tétanos, Hépatite A et B, diarrhée du voyageur). Selon le secteur que vous visiterez, vous pourriez aussi devoir vous faire vacciner contre la fièvre jaune.
Les cliniques de santé voyage peuvent de plus vous indiquer quels sont les secteurs à risque pour la malaria et vous prescrire une médication de prévention appropriée.
Visiter l’Afrique à la fin de la saison sèche et avant la saison des pluies pourrait vous permettre de photographier des scènes d’allaitement. La proximité des animaux est parfois étonnante : j’ai réalisé cette photo avec un 100-400mm à 234mm.
100-400mm f/4,5-5,6 II @ 234mm; 1/1000 sec, f/5,6, ISO 1000, main levée depuis le véhicule safari.
Le voyage d’une vie :
Avant le départ pour ce qui pourrait être le voyage le plus marquant de votre vie, je vous recommande de lire le manuel d’emploi de votre caméra. Il est aussi très utile d’avoir une copie de votre manuel sur votre téléphone, iPad, iPod ou équivalent.
Selon la destination africaine choisie et votre intérêt, il est aussi possible de photographier de plusieurs espèces d’oiseaux. J’ai photographié plus de 125 espèces dans le parc Kruger en Afrique du Sud. Procurez-vous un guide d’identification pour les oiseaux et un pour les mammifères. Vous serez ainsi en mesure d’identifier vos sujets.
J’ai été surpris d’apprendre que, selon notre guide, la majorité des Éléphants du parc Kruger s’accouplent dans l’eau, afin d’atténuer le poids du mâle sur le dos de la femelle. Malgré que l’action est généralement concentrée en matinée et en fin de journée, j’ai immortalisé cette scène en début d’après-midi.
600mm f/4 RF + 1,4x ; 1/2000 sec, f/5,6, ISO 400, main levée depuis le véhicule safari.
Le matériel photo :
Le matériel varie en fonction du pays africain que vous visiterez. Dans certaines régions, les animaux pourraient être plus éloignés tandis que dans certains parcs, comme ceux d’Afrique du Sud, vous pourriez effectuer la majorité de vos photos avec un 70-200mm et un multiplicateur 1,4x.
La caméra :
Un reflex numérique ayant une bonne rapidité de mise au point, même en faible lumière, l’option de rafale rapide et une bonne gestion du bruit seront des atouts. L’idéal serait d’avoir deux boîtiers.
L’objectif :
L’idéal est d’avoir plus d’un objectif pour suppléer en cas de bris. J’emploie généralement un 70-200mm f/4pour la première heure du matin et selon la distance des animaux. J’ai aussi un deuxième boîtier équipé d’un 100-500mm pour les actions plus éloignées. J’utilise aussi un 600mm f/4 couplé à un multiplicateur 1,4x pour photographier les sujets éloignés, ainsi que les oiseaux.
L’idéal est de couvrir de 70mm à 400 ou 500mm. Pour pouvez aussi y arriver en couplant un doubleur de focale (2x) sur un 70-200mm.
Notre chauffeur guide avait eu des informations concernant la présence d’une femelle Chacal à flancs bruns qui allaitait ses jeunes. Le lendemain, nous étions sur le site à la première heure et nous avons eu l’occasion d’immortaliser cette scène.
J’ai sélectionné une valeur ISO élevée afin d’avoir une vitesse d’obturation suffisamment rapide pour bien figer les possibles mouvements des jeunes.
100-400mm f/4,5-5,6 II @ 340mm; 1/1250 sec, f/5,6, ISO 1250, main levée depuis le véhicule safari.
La météo :
J’ai déjà effectué six séjours en Afrique du Sud pour un total de 85 jours de safaris photo. J’ai pu constater que la météo varie selon la saison, mais aussi beaucoup selon les années.
Je préfère animer les safaris photo à la fin de la saison sèche, avant la saison des pluies, afin que les animaux soient concentrés aux points d’eau. À cette période de l’année, le mercure peut être de 10°C à 5h 30 et de 40°C à 14h.
Il est important de choisir votre destination africaine en fonction de vos intérêts. Si vous désirez photographier des animaux, mais aussi des oiseaux, le parc national Kruger est tout désigné pour vous.
En étant accompagné d’un photographe professionnel, celui-ci devrait être en mesure de déterminer l’intérêt de la scène devant vous. Nous avons observé au minimum une vingtaine de Rolliers à longs brins avant de photographier celui-ci qui était perché en bordure de la route. Je savais que nous trouverions un de ces oiseaux bien dégagé et en bordure de la route. J’ai employé un flash pour obtenir des couleurs plus éclatantes.
500mm f/4 II + 1,4x III; 1/1250 sec, f/5,6, ISO 500, Flash et Better Beamer, main levée depuis le véhicule safari.
L’habillement :
Il est préférable d’avoir des vêtements sport légers qui peuvent sécher rapidement et d’avoir plusieurs épaisseurs. Vous porterez plusieurs couches en matinée et vous les enlèverez tout au long de la journée. Assurez-vous d’avoir des vêtements verts, beiges ou bruns pour plus de discrétion.
Tout comme dans le cas du Rhinocéros, certains pays africains hébergent plus de Léopards, tandis que dans d’autres secteurs, ceux-ci sont pratiquement absents. Ces deux espèces sont présentes dans le parc Kruger, mais ce prédateur demeure toujours plus difficile à observer.
Le Léopard grimpe généralement sa proie dans un arbre pour la mettre à l’abri des hyènes et autres charognards. Il est souvent plus facile d’identifier la présence d’un Léopard dans un secteur en repérant ses proies laissées dans un arbre.
600mm f/4 RF + 1,4x; 1/1250 sec, f/5,6, ISO 1250, main levée depuis le véhicule safari.
L’hébergement :
Assurez-vous d’avoir des hébergements confortables car les journées sont longues. Le réveil s’effectue généralement vers 4h 15 et le coucher vers 20h 30. Les hébergements que nous utilisons ont tous toilette, douche et air conditionné.
Visiter l’Afrique à la fin de la saison sèche et avant la saison des pluies pourrait vous permettre de photographier des scènes d’allaitement. Les Babouins chacma sont attachants, mais peuvent aussi être agressifs ; demeurez vigilants en leur présence.
200-400mm f/4 @ 338mm; 1/1250 sec, f/4,5, ISO 500, main levée depuis le véhicule safari.
La prise de vue :
Règle générale, les animaux sont plus actifs en début et en fin de journée. Pour ma part, je profite des périodes plus calmes entre 10h et 14h pour photographier des oiseaux. J’ai aussi réalisé de très belles photos animalières en début d’après-midi.
La plupart du temps, nous employons une valeur ISO élevée pour les deux premières heures de la matinée et si le ciel est couvert. Par la suite, je diminue la valeur ISO tout en conservant une vitesse idéalement supérieure à 1/1000 seconde.
L’hippopotame est l’animal responsable du plus grand nombre de décès en Afrique. Comme il est extrêmement territorial, il défendra son territoire contre tout intrus. Il est présent dans la majorité des points d’eau. Il demeure généralement immergé pendant la journée et sortira de l’eau à la nuit tombée pour aller brouter.
J’ai eu l’occasion de photographier ceux-ci en début d’après-midi pendant qu’une troupe semblait s’affronter dans des concours de celui qui avait la plus grande gueule.
600mm f/4 RF + 1,4x III; 1/2000 sec, f/5,6, ISO 800, main levée depuis le véhicule safari.
J’active la stabilisation d’image le matin lorsque la vitesse de prise de vue est inférieure à 1/500 de seconde. Lorsque ma vitesse est supérieure, je désactive la stabilisation.
J’emploie aussi un sac de fenêtre (Bean bag) que je dépose sur la porte du camion safari et sur lequel je dépose l’objectif afin de supporter le poids du matériel. Celui-ci permet aussi d’atténuer les vibrations du moteur.
Bon voyage et bonne photo en Afrique !
Bio
Daniel Dupont est photographe professionnel spécialisé en photo de nature. Il a enseigné la photo dans un cégep de Québec pendant près de 25 ans.
Il est l’auteur de sept ouvrages, dont trois livres techniques. Il anime de nombreux voyages et ateliers, en Amérique du Nord, au Costa Rica, en Islande et en Afrique du Sud.
Pour consulter son travail : www.danieldupont.ca
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